Histoires

Le Ventre et les Membres

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La folie de vouloir retenir notre part du soutien au gouvernement civil.

Menenius Agrippa, un consul romain, envoyé par le sénat pour apaiser une dangereuse émeute et sédition du peuple, qui refusait de payer les impôts nécessaires au bon fonctionnement de l’État, les convainquit de leur folie en leur racontant la fable suivante :

« Mes amis et compatriotes, » dit-il, « écoutez mes paroles. Il arriva une fois que les membres du corps humain, prenant quelque exception à la conduite du Ventre, décidèrent de ne plus lui accorder les approvisionnements habituels. La Langue, d’abord, dans un discours séditieux, exacerba leurs griefs ; et après avoir hautement loué l’activité et la diligence des Mains et des Pieds, elle exposa combien il était dur et déraisonnable que les fruits de leur travail soient dilapidés pour les désirs insatiables d’une panse grasse et indolente, totalement inutile et incapable de faire quoi que ce soit pour se servir elle-même. Ce discours fut accueilli par un applaudissement unanime de tous les membres. Immédiatement, les Mains déclarèrent qu’elles ne travailleraient plus ; les Pieds décidèrent de ne plus porter la charge qu’ils avaient supportée jusqu’à présent ; même les Dents refusèrent de préparer un seul morceau de plus pour son usage.

« Dans cette détresse, le Ventre les supplia de bien vouloir réfléchir et de ne pas fomenter une rébellion si insensée. ‘Il n’y a personne parmi vous,’ dit-il, ‘qui ne soit sensible au fait que tout ce que vous me donnez est immédiatement converti à votre usage et dispersé par moi pour le bien de vous tous dans chaque membre.’ Mais il remontra en vain ; car pendant les clameurs de la passion, la voix de la raison est toujours ignorée. Il étant donc impossible pour lui d’apaiser la révolte, il fut affamé par manque de leur aide, et le corps se transforma en squelette. Les membres, devenus faibles et languissants, reconnurent enfin leur erreur et auraient volontiers repris leur devoir respectif, mais il était maintenant trop tard ; la mort avait pris possession de tout le corps, et ils périrent tous ensemble. »

Le Renard et le Hérisson
Le Loup et les Bergers

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